Ao Vivo/Bahia

Impressions du Carnaval de Salvador (3) : samba et rencontre de trios

23 février. Les choses sérieuses commencent avec les défilés de trios elétricos sur les circuits Dodô et Osmar.

Une particularité du Carnaval de Salvador, depuis qu’en 1950, les musiciens Dodô et Osmar ont commencé à parcourir la ville à bord de leur vieille Ford, consiste à être principalement organisé à partir de la déambulation de ces fameux trios elétricos. Ce qu’ailleurs on appelerait des chars, quoi… Aujourd’hui ces trios sont d’énormes semi-remorques équipés d’une scène et d’une sono surpuissante. Dodô et Osmar sont honorés par Salvador au point que les deux principaux circuits des défilés ont pris leur nom. Le circuit Osmar est en plein centre ville et part de Campo Grande pour aller jusqu’à la Praça Castro Alves. Plus récent, le circuit Dodô longe le littoral entre Barra et Ondina.

Mais, que vous soyez sur le circuit Dodô ou Osmar, quand vous suivez un trio, vous êtes accompagnés par les deux odeurs caractéristiques du carnaval : les odeurs de pipi et de gaz d’échappement. Un fumet tenace qui vous accompagne tout le long des festivités. Et même au-delà pour l’odeur de pipi.

Sur le circuit Osmar, ce premier soir, il y a du samba, avec le trio Alerta Geral qui fête le centenaire du genre. Malgré une bonne paire de baskets, après avoir remonté toute la ladeira da Barra et traversé le quartier de Vitória, on prend en cours le défilé d’Alerta Geral. Juliana Ribeiro y interprète une chanson de Gerônimo puis cède la place à un invité de marque : Xande de Pilares. Si vous ne savez pas ce qu’est un chanteur populaire, il suffit de voir la réaction du public autour du trio : son pagode romantique fait chavirer les foules ! Les couples s’enlacent et chantent les yeux fermés vers le ciel.

Xande Alerta Geral

Ensuite, demi-tour et retour vers Barra. Devant le Farol, le phare qui sert de point de départ aux défilés vers Ondina, il y a ce soir un encontro de trios. Une rencontre où trois trios arrêtés vont jouer à tour de rôle et se répondre : le Trio 2222 que Gilberto Gil a désormais confié à sa fille Preta, Psirico et Alavontê !

Coup de bol, à peine arrivés, Gilberto Gil vient chanter « Toda Menina Baiana » que le public, comblé, reprend en chœur. Gil n’aura chanté que deux morceaux de toute la soirée, celui-ci et un tube de Bob Marley plus tôt. C’est donc Preta Gil qui tient la baraque. Si sa voix manque peut-être de souplesse, elle a le coffre pour chanter sur un trio. Depuis qu’elle a été la Queen d’un Gay Pride, Preta est, paraît-il, une idole de la communauté LGBT. Effectivement, nombreux sont les hommes à s’embrasser entre eux autour du trio et nombreux sont ceux qui passent en lui envoyant un cœur avec les doigts.

Mené par Márcío Victor, le trio de Psirico, offre une autre mixture. Psi, c’est l’incarnation d’une certaine idée du carnaval bahianais, entre axé et pagode bien sûr, mais aussi avec quelques intonations jamaïquaines dans le phrasé de Márcio Victor. Psirico, c’est un des groupes majeurs de Bahia depuis au moins une dizaine d’années. Márcio se présente affuté, il annonçait avoir perdu treize kilos récemment, il braille plus qu’il ne chante, ce qu’il faut pour mener la revue pendant que le gros son grave des surdos tape au plexus.

Alavontê, enfin, est une sorte de version locale du All Star Band. Le groupe est mené par le vétéran Ricardo Chaves et compte dans ses rangs Magary Lord. Assis devant ses percussions, il est plus qu’un second couteau et ses tubes dont « Inventando Moda » contribuent grandement à la bonne ambiance de leur prestation…

Avec cet encontro au pied du Farol da Barra, ce soir, c’est du sur place. Demain, il faudra marcher pour suivre BaianaSystem.

À suivre donc…

 

 

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