Sobre Crianças, Quadris, Pesadelos e Lições de Casa, le deuxième album d’Emicida, est sorti l’an dernier en 2015. Il a été lancé cette année à l’international sous le titre About Kids, Hips, Nightmares and Homework… Nous n’allions donc pas manquer de le présenter dans Kalakuta. J’ai pas mal réécouté l’album ces derniers jours et l’apprécie de plus en plus. À la chronique reproduite ci-dessous, j’ai envie d’ajouter qu’Emicida y révèle une belle sensibilité. Et que la douceur inhabituelle que l’on trouve au détour de quelques plages de ce disque est une autre facette de la sincérité de Leandro Roque de Oliveira, aka Emicida. Le titre de l’album résume bien cette dualité : la saine colère n’empêche pas la générosité du regard.

Pour Emicida, le hip hop demeure le meilleur vecteur pour dénoncer les maux du Brésil. Après n’avoir longtemps lancé que des mixtapes (souvent accompagnées de vidéos réalisées comme de véritables petits films), Emicida sort son deuxième album, inspiré de voyages en Afrique lusophone, dont « Mufete » enregistré à Luanda (Angola).

Lui qui ne cherchait pas la séduction désormais chante aussi, comme sur le reggae sympa « Passarinhos », en duo avec Vanessa da Mata, ou avec Caetano Veloso sur « Baiana ». Mais sa voix n’est pas aussi marquante que celle de Criolo aussi préfère-t-on le MC vindicatif et intransigeant qui balance sur « Boa Esperança » : « favela ainda é senzala » (la favela est encore la senzala, l’habitation des esclaves) pour dire que la société brésilienne ne s’est encore jamais affranchie de cette structure, ou celui qui ouvre le micro au poète Marcelino Freire dont le « Trabalhadores do Brasil » est une vision saisissante où les orixás seraient réduits dans le Brésil d’aujourd’hui aux métiers subalternes auxquels sont cantonnés les Noirs. Emicida, une voix qui compte.

O. C.

(Chronique parue dans Kalakuta n°7, août-septembre 2016)