La première chose que j’ai faite en rentrant du cinéma, après avoir vu Aquarius, fut de poser sur la platine le Refazenda de Gilberto Gil. Et d’écouter l’album entier alors que dans le film on n’entend que la chanson « Pai e Mãe ». Un verre de vin rouge à la main comme Dona Clara…

Je l’écoute beaucoup depuis et, coïncidence, j’ai appris quelques jours plus tard qu’un titre devant faire partie de l’album original aurait été censuré à l’époque. En raison du refrain : « Por ter sido julgado incapaz definitivamente podendo exercer atividades civis » (« Pour avoir été jugé d’être définitivement incapable d’exercer des activités civiles« ). Un avis de réforme en quelque sorte, qui ne précise pas s’il est déclaré P4 ! C’est l’auteur et compositeur du morceau Jorge Alberto Guimarães qui a rendu public « Rato Miúdo », la chanson en question, sur sa chaîne YouTube. Gilberto Gil s’en est réjoui.

Mais Marcelo Fróes*, le producteur qui travailla sur les rééditions des albums de Gil, émit des doutes. Pour lui, cet enregistrement n’était pas tiré des sessions de Refazenda en 1975, mais aurait été enregistré l’année suivante. Pour confirmer ses dires, Jorge Alberto Guimarães a alors publié une coupure d’époque du magazine Musica da Planeta Terra qui confirme la censure, comparée à un « lamentable raticide’ en raison du titre de la chanson…

Nous ne prendrons pas parti. Ce que l’on remarquera c’est que Refazenda ne compte que onze titres alors que quasiment tous les albums brésiliens en comptent douze, à l’origine phonograph effect, une contrainte technologique, ici la durée d’un microsillon, devenue norme par la suite, et qu’avec ce « Rato Miúdo », le compte serait bon. Quoi qu’il en soit Refazenda ne l’a pas attendu pour être un chef d’œuvre.