Disques/São Paulo

Caê navigue (loin) avec Odé

Tous à bord pour l’album du moment ! Le navire d’Odé n’est probablement pas une bien grosse embarcation mais elle suffisante pour que Caê Rolfsen y accueille un équipage de premier plan pour un voyage au long cours qui va du Brésil jusqu’en Afrique en passant par la Jamaïque…

Caê A Nave de Odé

Après Estação Sé en 2012, A Nave de Odé est le deuxième album de Caê et il y fait preuve d’une maîtrise impressionnante, à la fois comme compositeur, instrumentiste, interprète et producteur. Originaire de l’intérieur de l’Etat de São Paulo, il est installé dans la capitale depuis quinze ans. Après des études de musique à l’université et de composition auprès de Arrigo Barnabé, il s’est forgé une solide réputation comme musicien (il a accompagné Elza Soares et Paulinho da Viola), arrangeur (pour Fabiana Cozza ou Dona Inah) et compositeur (documentaire et pièces de théâtre). Tout ça pour ne pas s’étonner qu’il prenne résolument les rennes de son album et en fasse une œuvre personnelle très originale.

Si son nom indique probablement des origines danoises et qu’il préfère souligner ses racines espagnoles et marocaines, l’inspiration de Caê est ici résolument afro. De « Incompletos », le premier titre, à « Serrinha, Congo e Kingston », en passant par « Tão Blue », c’est d’abord la vibe reggae qui accroche et imprègne l’album. L’afrobeat offre d’autres temps forts au projet avec « A Nave de Odé » et « Zambê » quand « Bim-Bim-Bim » rappelle la musique angolaise. On pense même au Gilberto Gil de la grande époque sur « Lado Místico ». A Nave de Odé est un disque très entraînant mais Caê Rolfsen se montre aussi inspiré sur les titres lents. « Cecília do Cambuci », par exemple, évoque le mouvement d’occupation des lycées de São Paulo par leurs élèves à travers le portrait d’une de ces jeunes filles et de ses aspirations. Alors que sur la reprise de « Eu canto música de amor », il joue les équilibristes de la déconstruction.

Odé, c’est un autre nom d’Oxóssi, l’orixá caçador, le chasseur, toujours armé de son arc. C’est sous ses auspices qu’a été composé et enregistré l’album de Caê. Deux titres l’évoquent directement, « A Nave de Odé », également titre de l’album, mais aussi « O Caçador e a Flecha ». D’ailleurs, si sur le livret Caê remercie tous les dieux et tous les orixás, il dédie l’album à Odé, son orixá. Mais cet Odé est un « Oxóssi sideral » et Caê est lorgne vers l’afrofuturisme puisque, chante-t-il, ce navire d’Odé vient du futur : « a nave de Odé que vem do futuro« .  On ne serait pas complet si on ne présentait pas l’équipage de ce navire qui accompagna à bon port le projet : Thiago França, Juçara Marçal et Sérgio Machado, mais aussi Mauricio Fleury, Rafa Barreto, Bruno Buarque, Rodrigo Campos, Bruno Pardo, Mauricio Badé et quelques autres. On ne serait pas complet sans les citer mais c’est surtout le talent et la maîtrise de Caê qu’il faut souligner. A Nave de Odé est un des meilleurs disques de l’année. On en reparlera fin décembre… après l’avoir écouté en boucle tout l’été.

L’album est en téléchargement gratuit sur le site de Caê ou en suivant le lien officiel.

 

 

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