Brasil

La polémique façon Roque Ferreira avant le Prêmio da Música Brasileira

Demain aura lieu la 27ème cérémonie du Prêmio da Música Brasileira. Un hommage sera rendu à Gonzaguinha et des prix seront décernés aux meilleurs albums de l’année. Nominé pour Terreiros dans la catégorie Meilleur Album de Samba, Roque Ferreira est décidément un sacré râleur. En même temps, il ne s’en cache pas… Il refuse maintenant de concourir pour le trophée parce qu’y figure également le disque de Zélia Duncan Antes do Mundo Acabar et que celle-ci n’est pas une… sambiste.

Roque Ferreira 2016

Ici, nous faisons partie des admirateurs du vieux sambiste bahianais et comprenons son intransigeance. Roque Ferreira, tout au long de sa carrière, a multiplié les clashs, les querelles, les polémiques, toujours au service du samba et de ce qu’il représente pour le Brésil. Toujours radical, il reconnaissais lui-même que cela « lui avait attiré beaucoup plus de problèmes que vous ne pouvez l’imaginer« .

Nous étions pourtant ravis de voir son album Terreiros, seulement le deuxième de sa longue carrière, nominé au Prêmio da Música Brasileira. Alors que nous disions en le chroniquant qu’il était sorti dans une assourdissante indifférence, c’était l’occasion de jouir d’une reconnaissance nationale, enfin ! Il aurait dû être ravi d’y revenir en compétition après avoir été invité à participer, l’an dernier, à l’hommage rendu à Maria Bethânia, sa plus prestigieuse et fidèle interprète. Mais non…

Il a demandé à ce que son album soit retiré de la liste des nominés car Zélia Duncan, « elle n’est pas sambiste, elle est opportuniste« . Il en profita même pour rappeler qu’elle lui avait, par le passé, demander une chanson et qu’il refusa : « elle est rockeuse (roqueira), j’ai rien contre, mais ça le fait pas« .

Plutôt que d’en remettre une couche, Zélia Duncan répondit par une lettre dont voici quelques extraits : « j’ai beaucoup d’admiration pour Roque, dans ce sens j’ai toujours été Roqueira. J’ai asssité à un de ces concerts il y a quelques années et je lui ai parlé à la fin, très émue. J’ai enregistré une de ses sambas pour un disque avec Simone et il ne s’y ai pas opposé. Par la suite, il m’a envoyée une cassette pour que nous puissions collaborer, peut-être qu’il ne s’en souvient plus. On s’est parlé au téléphone avec une affection réciproque. (…) Ce qui se passe m’attriste, cette vision est celle de gens qui pensent petit, c’est du fondamentalisme musical. (…) Je suis une interprète et je chante ce que je veux, c’est une liberté conquise avec beaucoup de sueur. Me traiter d’opportuniste montre un ressentiment qui ne cadre pas avec la poésie de son œuvre. C’est une déception immense. Et le plus ironique dans tout ça, c’est que je ne m’appelle pas Roque, je m’appelle Zélia !« 

Zélia Duncan - antes do mundo acabar

Le plus ironique, en fait, on l’apprend de la bouche de José Maurício Machline, l’organisateur du Prêmio da Música Brasileira : « c’est Roque qui m’a envoyé son album. Il m’a même rappelé deux fois pour savoir si je l’avais bien reçu et aujourd’hui, il exige de décider avec qui il sera en compétition !« 

Même si on peut toujours trouver de l’ironie dans cette situation, il n’y a rien de drôle. C’est plutôt bien triste car Roque Ferreira a toutes les raisons d’être intransigeant et de vouloir défendre le samba. Ici, on regrettera que son attitude désserve finalement la cause qu’il défend. Si je ne regarde jamais ce genre de cérémonies, je suis curieux de savoir ce qui se dira quand on décernera le prix du meilleur album de samba de l’année. Et, pour le coup, sans faire injure à Zélia Duncan, j’aimerais bien que ce soit Terreiros qui l’emporte !

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