Disques/France/São Paulo

Nicola Són, Sampathique et pas en toc

Sampathique est le troisième volet de la trilogie brésilienne de Nicola Són. Après Parioca (2010) consacré au samba carioca et Nord Destin (2013) aux musiques nordestines, c’est maintenant la modernité urbaine de São Paulo qui l’inspire avec bonheur et l’incite à composer un album d’une belle variété de styles.

Nicola Són Sampathique

Si l’exercice est délicat de se confronter aux musiques brésiliennes, la réussite vient aussi de la manière très personnelle de Nicola Són. Il a dépassé le cap du modèle à s’approprier pour, au mieux, le reproduire et, déjà, a trouvé son propre style. Car ces musiques brésiliennes il ne les prend pas à la légère mais avec légèreté, nuance.

Pour réaliser Sampathique, Nicola s’est donné les moyens : il vit à São Paulo et c’est là qu’il a enregistré son album. Il en a confié la production à Paulo Lepetit et doit probablement s’en féliciter. Dans les années quatre-vingt, celui-ci fut au cœur de la Vanguarda Paulista, bassiste et pilier du groupe d’Itamar Assumpção. De ce mouvement, Lepetit a gardé la nécessité de s’émanciper des cadres trop formatés. Ici, tout en posant quand il le faut sa basse énorme, il laisse respirer les chansons pour mieux les révéler. L’équipage rassemblé pour l’album compte rien moins que les guitaristes Edgar Scandurra et Swami Jr., des cuivres venus de deux groupes majeurs en matière de vertus festives : Funk Como Le Gusta ou Clube do Balanço, les percussions de João Parayba, un des fondateurs du Trio Mocotó. Rien que du top notch !

Si, avec le titre « Sampathique » d’emblée, Nicola Són plante un balancement samba-rock qui annonce la couleur, la suite est très variée. On passe par une belle « Valse pour Gabriela » accompagnée de cordes à un titre inspiré du poème de Rimbaud, « L’Eternité ». Après avoir adapté en portugais l’intraduisible « Javanaise » sur Nord Destin, il reprend cette fois-ci « Les Cœurs tendres » de Brel, traduit en « Os Corações ternos » qu’il interprète en duo avec Zeca Baleiro (qui a sorti l’an dernier le très réussi Café no Bule avec Naná Vasconcelos et… Paulo Lepetit).

Autre temps fort de l’album, on y trouve deux versions de « Pourparlers de paix » (la plus courte étant la Radio Edit), un morceau presque plus déclamé que chanté posé sur un redoutable groove afrobeat, là aussi une façon de s’inspirer des sons paulistas d’aujourd’hui.

De « No Transitô » à « Expatrié », les mélodies accrochent. En s’expatriant, Nicola Són a trouvé sa voie et sa voix. Bien que parfaitement bilingue, jamais, il ne cherche à chanter brésilien. Il signe de vraies chansons qui tiendraient toutes seules, qui fonctionnent sur leur simple base voz e violão comme le précise Paulo Lepetit, hors le contexte de leur (magnifique) réalisation à São Paulo.

À ce point de sa carrière, on regrette que Nicola n’ait (pour l’instant) décidé de ne consacrer qu’une trilogie à la musique brésilienne. Quid de Bahia, par exemple ? Et d’un disque amazonien à base de carimbó et lambada ? Il disait envisager une suite sud-américaine, partir en moto sur les routes et, au gré des rencontres, se frotter à l’afro-cubain, la cumbia ou le tango… Nul doute qu’il saura voyager et composer de nouvelles chansons imprégnées de l’esprit du lieu… En attendant, les Parisiens pourront le retrouver le 3 mars au Studio de l’Ermitage, en attendant pour les autres de nouvelles dates dans l’Hexagone…

Pour se mettre dans l’ambiance, voici le making-of de l’album…

Le site de Nicola Són : http://www.nicolason.com/

Une interview au Petit Journal francophone brésilien

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