Le film m’avait donné la saudade de Paris. Samba Lumière est un portrait chaleureux de ces hommes et ces femmes qui font vivre le samba dans la capitale. L’évoquer un an après l’avoir découvert n’est pas une coïncidence, simplement une façon de dire qu’en ces jours mon cœur est là-bas, à Paname.
Déjà auteur de Batatinha e o Samba Oculto da Bahia, Pedro Abib a profité d’un séjour parisien prolongé pour plonger dans les nuits de samba de la capitale et présenter ce microcosme animé par une dévorante passion. Qu’il s’agisse du doyen des sambistes parisiens Mestre Vilson da Cuica, installé en France des lustres, décédé depuis, de Fernando delPapa (Orquesta do Fubá) ou de ces anonymes enthousiastes qui se réunissent au Studio de l’Ermitage pour les soirées organisées la Roda do Cavaco ou les Metropolitanos, tous sont animés par la même envie de partager ces moments où le samba s’incarne en chacun.
On dit les Parisiens arrogants et prétentieux, ces amateurs de samba sont d’une belle humilité. Pendant ces rodas du Studio de l’Ermitage où toute la salle chante, on tombe le masque, l’effervescence nous soulève au-dessus de notre niveau ordinaire, comme le dirait si bien Durkheim.
Pedro Abib est à la fois témoin, en tant que réalisateur qui interroge les musiciens ou le public des soirées, et acteur puisque c’est lui Pedrão, le leader des Metropolitanos. N’ayant même pas trouvé la bande-annonce du film sur la Toile, voici un extrait d’un de leurs concerts au Studio de l’Ermitage…
Ayant déjà quitté Paris depuis bien longtemps, je n’ai jamais eu le bonheur de fréquenter ces soirées merveilleuses. J’en ai éprouvé d’autant plus le regret qu’elles se tiennent dans mon quartier, les hauts de Ménilmontant.
Ce n’était pas l’intention de son auteur mais le film de Pedro Abib m’a collé une sacrée saudade de Paname. Aujourd’hui, après les attentats, c’est ce sentiment qui m’anime. À défaut, d’être là, c’est un flux de souvenirs qui m’envahit, de ces rues, de toutes ces terrasses du quartier, de tous ces concerts au Bataclan (dont la Malka Family, George Clinton, Fernanda Abreu, Touré Kunda, etc…), de l’attente sur le large trottoir du boulevard Voltaire avant d’entrer dans la salle. Rien ni personne ne pourra jamais nous retirer ça, ce qu’on vit ensemble dans ces moments-là…
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J’ai découvert Samba Lumière, le film de Pedro Abib, en ouverture du dernier FestaFilm, le festival des cinémas lusophones de Montpellier. La nouvelle édition sera exclusivement consacrée au Brésil et son inauguration aura sur mon propre lieu de travail…
Toutes les informations sur l’édition 2015 sur le site du festival Festafilm
PS : je n’ai pas vu le beau film de Patricio Guzmán, Nostalgie de la Lumière (non plus son dernier Le Bouton de Nacre) mais le titre s’est imposé spontanément…