France/Portrait

Feliz Kolpa

Heureux l’homme qui a vécu par et pour ses passions. Rémy Kolpa Kopoul nous a quitté hier. Il était le plus célèbre passeur de musiques brésiliennes de France. Un « conneXionneur » comme il aimait se définir sur ses cartes de visite. Toujours à fond. Il y a quelques semaines encore, fin février, nous le voyions derrière ses platines à la Panacée, pendant le festival Tropisme. Il était une curiosité pour les enfants qui s’étonnaient de voir un pépé DJ mais, depuis qu’ils avaient découvert le bonhomme lors d’un set à Sète l’été dernier, ils étaient les premiers à remarquer la passion qui l’animait.

RKK

Le week-end dernier, parce qu’il était généreux et fidèle en amitié, il s’activait à Brest à organiser la collecte annuelle pour la scolarité des enfants du grand Ramiro Musotto, le plus Bahianais des Argentins, emporté par un cancer fulgurant en 2009.

Ami des musiciens, c’est lui qui avait fait dire à Caetano Veloso ce qui caractérise son art de la plus belle façon : « j’aime bien les racines mais je préfère les fruits« . Une devise qu’il aurait aussi bien pu s’approprier tant sa curiosité de nouveautés était insatiable, comme en témoignent ses compilations, dont Brasil do Futuro.

J’ai souvent croisé ou aperçu Rémy Kolpa Kopoul dans les concerts d’artistes brésiliens. Je ne lui ai pourtant quasiment jamais parlé : il était toujours très entouré et ma timidité ne m’incitait pas à aller taper l’incruste. Mais je lui serai toujours reconnaissant : quand je lui avais dit que je soutenais ma thèse de socio sur le funk à la Sorbonne, il s’était empressé d’en annoncer la date et le lieu sur Radio Nova.

Rémy Kolpa Kopoul n’était pas du genre à se serrer la ceinture puisqu’il portait des bretelles : un attribut aussi indispensable au personnage que sa flûte de champagne. Puis, ces dernières années, sa canne. Il semblait « brûler la chandelle par les deux bouts », être le genre de gars dont on se dit qu’il ne fait pas semblant. Une fois, il est dit dans un chant religieux « felix culpa » pour désigner le péché d’Adam : une faute heureuse pour tout le bien que ferait naître cette perte de l’innocence. La faute de RKK, à coup sûr, était heureuse. Feliz Kolpa.

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