L’annonce de la réédition en vinyle de Eis o ‘Ôme’, l’unique album de Noriel Vilela, par Mr. Bongo arrive à point nommé. Vais-je céder à la tentation ? À 24,99 £, on y réfléchit à deux fois, surtout quand on a déjà une version mp3 de l’album !
Mais aujourd’hui, c’est le Record Store Day, le Disquaire Day en français bancal, ou franglish si on préfère. Le disquaire a donc son jour. Comme toutes les causes et groupes ayant droit à « leur jour », c’est juste le symptôme que le reste de l’année, ça ne va pas fort.
La vocation du Disquaire Day est-elle de nous faire culpabiliser de ne plus acheter de disques, de télécharger sans vergogne ou d’avoir les oreilles dans son nuage ?
Bien sûr, nos habitudes ont changé. Comment nier que l’horizon s’est ouvert à l’infini avec la possibilité de découvrir la musique du monde entier en quelques clics. Ce blog est lui-même rendu possible grâce à ce flux d’informations disponibles en temps réel, grâce aussi à cette particularité très répandue au Brésil et qui voit les artistes proposer gratuitement leur musique en téléchargement. Sinon, comment ferions-nous ?
Pourtant, dès que j’en ai la possibilité, j’essaie d’acheter des disques. Lors de mon dernier séjour bahianais, j’ai bien sûr fait une razzia chez Midialouca et Perola Negra mais les disquaires à Salvador se font rares et même les productions locales s’y avèrent difficiles à trouver. Si je profite de mes rares remontées sur Paname pour faire un saut chez Gilda et Parallèles, la plupart du temps, c’est sur internet que je me ravitaille. C’est bien sûr contraire à l’idée du disquaire spécialisé, sorte d’équivalent musical du commerce de proximité où l’accueil et les échanges seraient aussi précieux que les disques que l’on ramènera. Mais rares sont les artistes brésiliens à être distribués en Europe. Les autres ? Même sur Amazon, ils ont peu de chances d’être référencés. De plus, Amazon et sa théorie de la long tail complètement démentie par leurs chiffres de vente, est l’antithèse absolue du disquaire. Mieux vaut commander directement auprès des labels qui honorent encore la musique, qu’il s’agisse de rééditions ou de signatures : Mais Um Discos, Mr. Bongo, Far Out, Soundway et quelques autres. C’est plus éthique et équitable, quitte à payer un peu plus cher.
Quant aux sites de vente brésiliens, n’en parlons pas ! Les frais de port pratiqués sont tellement délirants qu’ils découragent de tout achat. Par exemple, pour un album de Jorge Ben à 11,90 R$, il faudrait rajouter 40,20 R$ pour l’envoi ! N’importe quoi.
Tout ça pour dire que cette édition spéciale de Eis o ‘Ôme’ est tentante. Cet unique album de Noriel Vilela, sorti en 1969, fait partie de ces quelques trucs dont je suis dingue, la rencontre de l’umbanda et du samba-rock portée par la voix la plus grave qui soit ! Cela fait longtemps que je cherche l’album de Noriel, réédité en CD en 2002, mais difficile à trouver.
Alors je me tâte… En attendant, j’ai commandé Viva Cartola !, un hommage publié pour son centenaire, et vendu à 4,26€ sur… Amazon.