Au lendemain du triomphe de Gaby Amarantos aux VMB Awards où elle est repartie avec trois trophées*, il faut revenir sur son album Treme et sur l’épisode qui a probablement amené ce succès, une telenovela. Il y a un an, nous l’avions présenté lors de la sortie de son clip « Xirley » qui évoquait les étapes que rencontrait une chanteuse en route vers le succès. Elle y était irrésistible en tornade mais il restait à traduire cette ascension dans la vraie vie alors qu’elle n’était qu’une artiste émergente portée par la hype entourant ce qui vient de Belém du Pará.
Au Brésil, rien de tel pour devenir musicien célèbre que d’avoir une de ses chansons reprise dans une telenovela, cette inamovible et quotidienne messe cathodique. C’est ainsi que Gaby Amarantos est devenue une vedette nationale quand « Ex My Love » devint la chanson du générique de Cheias de Charme, le feuilleton de Globo diffusé à 19h.
Pour ce qui est du clip, notre Beyoncé do Pará a choisi d’illustrer sa chanson de la rupture amoureuse par ce qui se fait de plus basique sur le net, un vidéoké, vulgaire montage de slides où les paroles défilent en sous-titres, comme au karaoké. Une façon pour Gaby d’affirmer qu’elle n’a pas changé, qu’elle toujours cette fille simple de Jurunas, quartier périphérique et populaire de Belém du Pará. Les cyniques diront que c’est une façon de jouer avec les clichés associés au brega. C’est plutôt marrant mais un peu de créativité ne fait pas de mal et on regrette de ne pas voir Gaby gros plan face caméra, fonceuse hilare.
Treme, son premier album officiel après ceux qu’elle avait lâché à Belém pour diffusion de rue et animer les festas de aparelhagem, est destiné à lancer Gaby Amarantos sur la scène nationale. Et plus si affinités. Sa production a été confiée à Carlos Eduardo Miranda (QST), Waldo Squash (Gang do Eletro) et Félix Robatto (La Pupuña). Si elle est plus soignée que l’ordinaire de la tecnobrega enregistrée au kilomètre, elle reste fidèle à l’esprit de sa musique. A savoir que tout tient sur une base électro à laquelle seule s’ajoute une guitare électrique, très présente dans les musiques du Pará.
Pour le reste, à quoi bon des cuivres quand on peut les imiter sur un clavier ? Adepte des sons comme des textiles synthétiques, Gaby Amarantos n’en a que faire de l’analogique. Que certains gimmicks soient éculées, elle s’en tamponne : son abattage suffit. Faut-il en effet de la conviction pour nous faire apprécier une telle mixture d’arômes de synthèse ! Qui d’autre qu’elle nous ferait nous dandiner ainsi sur ses sonorités cheapouilles de synthé antédiluvien ?
Bien sûr, elle est brega, intrinsèquement brega, et cultive un sentimentalisme de midinette sur quelques morceaux dont « Ex My Love », héritière des « trois races » du pays, elle évoque ses racines indigènes sur « Mestiça » mais s’impose avant tout comme une redoutable meneuse de revue. Les tempos enlevés ne lui font pas peur, mêlant le poids des beats tecno (sic) ou la cadence des rythmes locaux comme le carimbó. « Xirley », « Ela Tá Beba Doida », « Merengue Latino », « Eira », Faz O T » sont des morceaux festifs déchaînés et c’est déjà pas mal.
Vive Gaby Amarantos, petite fille du peuple qui rêve de tenues de princesse qui s’est imposée comme artiste de l’année au Brésil sans avoir rien renié de sa personnalité ou de son identité !
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* Artiste de l’Année, Meilleure Artiste Féminine et Meilleure Pochette d’Album