Quand un de nos coups de cœur de l’été interprète un titre emblématique d’une figure de la musique brésilienne à qui l’on rendait hommage, ça donne Felipe Cordeiro reprenant « Expresso 2222 », un des titres historiques de Gilberto Gil.
Accompagné de son père Manoel Cordeiro, ils restituent à deux guitares l’esprit du morceau, sa cadence infernale, caractéristique du merveilleux talent de Gilberto Gil. Cette reprise est aussi pour Felipe une façon de rendre hommage à son père et à sa technique virtuose de la main droite. « Il y a un mois, explique Felipe Cordeiro, Canal Brasil m’a demandé une vidéo rendant hommage à une idole. Si j’ai choisi « Expresso 2222″, sorti en 1972, outre qu’il s’agit d’un morceau emblématique de la chanson brésilienne, je pense que c’est surtout parce qu’il s’agit d’une musique marquante dans la formation technique de la main droite de mon père. Il tient en Gil et Baden ses principales références et influences. On retrouve aussi dans sa technique ce que mon père a assimilé dans les années quatre-vingt en Martinique, Guadeloupe, Guyane Française et République Dominicaine où il a produit quelques disques de zouk, cacicó et merengue. Sans compter, bien sûr, l’influence des sons caractéristiques du Pará et d’Amapá. Le résultat est une main droite absolument unique, virtuose et créative ».
Je vous laisse apprécier le dialogue musical entre le père et le fils, un échange improvisé, souligne Felipe.
Outre qu’il entretient la plus flamboyante moustache de la nouvelle génération, Felipe Cordeiro, originaire de Belém du Pará, foyer d’une dynamique scène musicale, a sorti l’an dernier Kitsch Pop Cult. Le titre de l’album annonce son ambition : imprimer une approche pop et « arty » aux expressions locales populaires, lambada, carimbó…, dont ce fameux (tecno)brega (littéralement ringard) qui fait la notoriété de Belém.
Nous avions présenté il y a quelques semaines l’irrésistible et très amusant clip de « Legal e Illegal », lui même assez kitsch, qui illustrait au pied de la lettre les différents « produits » consommés par les amateurs de différents styles musicaux (whisky/bossa, tequila/merengue, bière/punk, etc.). On y croisait déjà Manoel et sa sacrée gueule…
Hier soir et aujourd’hui, les inséparables père et fils Cordeiro se produisent sur la scène de la minuscule Casa de Francisca, probablement la plus petite salle de concert de São Paulo mais aussi une des plus fameuses, accompagné de Maurício Fleury (Bixiga 70).
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