Bahia/Portrait

C’est Batatinha qu’on assassine (Jorge Amado en chansons 1/4)

Puisque l’on célèbre le centenaire de Jorge Amado, né le 10 août 1912, il suffit pour démontrer son immense popularité de piocher dans le répertoire de chansons tirées des innombrables adaptations de ses romans au cinéma et à la télévision. La dernière en date à en avoir porté un à l’écran n’est autre que sa petite fille, Cecilia Amado. Elle vient en effet de réaliser Capitães da Areia (Capitaines des Sables, publié en 1937). Une histoire de gamins des rues traitée par Amado avec sa simplicité et générosité habituelles.

Capitaes da areia

Cecilia Amado a confié la bande originale à Carlinhos Brown. On y retrouve son morceau « Talavera » (extrait de l’album Carlito Marrón sorti en 2003). Alors que Mixturada Brasileira vient tout juste de sortir sur iTunes, j’ignore encore s’il a composé des titres originaux pour le film, dont éventuellement de nouvelles chansons. J’ai simplement pu constater dans la vidéo ci-dessous qu’il explique comment jouer de la caixinha à un des gamins recrutés pour le tournage. La caixa de fósforos, ou caixinha, c’est la boîte d’allumettes devenue un des instruments de percussions du samba en petit comité.

Batatinha caixinhaLa caixinha était justement l’attribut favori du modeste Batatinha, ce génial sambiste de Bahia (auquel nous avions consacré un portrait) décédé en 1997. Carlinhos Brown a voulu lui rendre hommage en intégrant une de ses chansons au film. C’était, au départ, une belle idée mais je n’ai hélas pas eu le temps de m’en réjouir tant c’est un massacre en règle qui est perpétré ici !

« Direito de Sambar » est une perle qui illustre bien l’art de Batatinha, la tristesse dissimulée derrière un sourire de politesse. Malheureusement, son interprétation dans le film la dénature complètement. Zéu Britto, acteur et chanteur visiblement célèbre, est carrément insupportable en fêtard encanaillé. Tout de blanc vêtu, chapeau, moustache et gomina, il déclame en faisant son intéressant et oubliant toute la retenue nécessaire. J’avais été écœuré par cette version en la découvrant, un véritable sacrilège, mais, préférant les coups de cœur aux coups de gueule, je n’avais pas jugé bon de m’y attarder. Ce centenaire de Jorge Amado venu, Capitães da Areia étant la dernière adaptation en date d’un de ses romans, j’en profite pour le dire haut et fort : Batatinha mérite infiniment mieux.

Pour effacer l’outrage, je me sens obligé de vous proposer le morceau interprété par lui-même :

Batatinha, « Direito de Sambar », Diplomacia (1997) (mp3 320 kbps)

2 réflexions sur “C’est Batatinha qu’on assassine (Jorge Amado en chansons 1/4)

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