C’était il y a un an, en août 2011, que nous avons commencé à parler de Criolo en le présentant comme la révélation de l’année au Brésil. Nous avons depuis eu l’occasion de suivre son parcours de près mais, à l’époque, MTV Brésil venait de présenter la liste des nominés aux trophées VMB qu’il organise chaque année. Criolo était l’artiste ayant le plus de nominations puisqu’il figurait dans cinq catégories. La liste pour les VMB 2012 vient d’être publiée. « Mariô », le tout nouveau clip de Criolo, y figure. Gagnera-t-il cette fois-ci dans cette catégorie quand, l’an dernier, le « Então Toma » de Emicida l’emporta sur « Subirosdoistiozin » ?
Avant tout, « Mariô », c’est un de mes morceaux préférés de l’album Nó na Orelha. Si Criolo y dit qu’il faut s’inspirer de l’attitude de Multatu Astatqé et Fela Kuti, « Mariô », fruit d’une collaboration avec Kiko Dinucci, est avant tout le titre de l’album qui plonge droit au cœur des racines afro-brésiliennes, évoquant l’ambiance des terreiros du candomblé et dédiant à Ogum son refrain : « Ogum Adjo Ê Mariô (Okunlakaiê) ».
Un des challenges de Del Reginato, réalisateur de ce nouveau clip, était de trouver une façon d’évoquer Ogum. Après qu’il ait échangé avec Criolo et que le très initié Kiko Dinucci lui ait suggéré quelques pistes, il fut décidé qu’Ogum serait représenté par des symboles. Il est l’orixá des métaux, on voit donc des vieilles voix ferrées, des roues de train et, surtout, Criolo porter une enclume. Le réalisateur précise qu’il n’y avait pas là de trucage et qu’il portait vraiment une enclume de 40 kilos, « sa souffrance était véritable » !
A l’inverse, le noir et blanc très travaillé du film a été réalisé en post-production, le tournage s’étant déroulé de jour sous un beau ciel bleu. Si on y croise le fidèle Dan Dan, scotché à sa MPC, l’ambiance du clip est très particulière, assez apocalyptique pour tout dire. Des météorites viennent percuter la terre et Criolo semble un fuyard terroisé, condamné à errer son enclume sur le dos. Un film esthétisant certes mais, même si le métal en tant que symbole d’Ogum y est très présent, qui sacrifie peut-être trop au spectaculaire un peu vain…