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Jorge Ben chante « Umbabarauma » (version 2010)

2012, c’est l’année où l’on va fêter la génération brésilienne de 1942. Rendre hommage pour leurs soixante-dix ans à Jorge Ben, Gil, Caetano, Tim, Milton et Paulinho. Pour tout de suite être dans le bon tempo et commencer l’année sur les chapeaux de roue, il fallait un morceau dantesque, une bombe de groove. Et en la matière, Jorge Ben a tout ça en catalogue. Et histoire de prendre de ses nouvelles, voici une version de « Umbabarauma » enregistrée en 2010 avec Mano Brown à São Paulo, dans les magnifiques studios YB.


Faut-il encore présenter Jorge Ben ? Selon leurs goûts, les admirateurs de Jorge Ben préfèreront tel ou tel disque,  Samba Esquema Novo, en 1962, A Tábua de Esmeralda, en 1974, etc… On peut avoir un penchant pour d’autres disques qu’Àfrica Brasil mais il faut reconnaître que, de toute sa carrière, celui-ci ne sonne comme aucun autre.

Sorti en 1976, c’est le premier album où il joue de la guitare électrique, instrument qu’il adopte à partir de cette date, au détriment de sa fidèle guitare-nylon. Mais la guitare électrique ne fait pas tout et n’explique pas ce qui distingue Àfrica Brasil des autres disques de Jorge Ben. Ce n’est pas son disque qui « balance » le plus : tous ses disques « balancent ». Mais c’est son disque à la fois le plus funk et le plus rock. Il a doublé la batterie et la basse, multiplié les percussions, introduit des breaks de rythmes redoutables. Il a forcé sa voix. Oubliée la caresse, il crie presque. Ce son brut et cette voix éraillée font d’Àfrica Brasil un disque à part dans la carrière de Jorge Ben.

Le premier morceau est déjà un hymne : « Ponta de Lança Africano (Umbabarauma) » ! Il ne faut en attendre aucune des considérations ésotériques ou alchimiques qui caractérisaient alors ses compositions. Non, si hymne il y a, c’est à la gloire d’un joueur de football, l’homme-but, l’homem-gol. Umbabarauma était son nom, il était ce « fer de lance africain » et portait le n°10. Ce n’est pas la seule fois où Jorge Ben a consacré une chanson au football. Mais où « Fio Maravilha » évoquait la malice, « Umbabarauma »dégaine la grosse artillerie : tribal !

Pour être admis à travailler avec le maître sur cette reprise de 2010, on s’est probablement bousculé au portillon ! On retrouve, dans l’équipe sélectionnée pour façonner le son de cette nouvelle interprétation, des figures contemporaines majeures : Daniel Ganjaman (Instituo, Criolo…), Zegon (N.A.S.A.) et Duani Martins. Mais aussi Pupilo et Gustavo da Lua (Nação Zumbi) aux percussions. Et parce que « Umbabaurama » est aussi un morceau porté par ses chœurs féminins, ils sont ici confiés aux Negresco Sisters, à savoir Céu, Anelis Assumpção et Thalma de Freitas ! Participe également à l’aventure Gabriel Ben Menezes, fils de Jorge.

Mais le personnage principal de cette nouvelle version, c’est bien entendu Mano Brown. Le leader des Racionais MC’s*, groupe culte du rap brésilien, est un personnage d’une incroyable notoriété alors même qu’il a toujours fui les médias. Ce n’est rien de dire que les tableaux des quartiers périphériques de São Paulo qu’il signait avec les Racionais lui ont garanti une street cred’ à vie !

Qu’attendre d’une nouvelle version de « Umbabarauma » ? Pas grand-chose. Le morceau est déjà un classique et ce n’est pas aujourd’hui que Jorge Ben pourra en donner une meilleure interprétation. D’ailleurs, Daniel Ganjaman est des plus lucides à ce sujet : on ne pourra jamais faire mieux mais, pour lui, c’est déjà un peu entrer dans la légende que de participer à ce projet. On le comprend ! Et, ma foi, cette nouvelle version tient plutôt bien la route.

Evidemment, un tel projet n’avait pu voir le jour qu’une année de Coupe du Monde. Ce serait gâcher le plaisir que d’en donner le sponsor, je vous le laisse deviner… Restons-en là, c’était sympa de voir Jorge Ben interpréter un de ses morceaux cultes avec fraîcheur et sentir l’admiration dans les yeux de ses jeunes partenaires !

 

Pour ceux qui en deviendraient mordus, il existe un making-of du morceau en trois parties…
1/3
2/3
3/3

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* Sur leur album Sobrevivendo no Inferno, en 1997, ils avaient repris « Jorge da Capadócia »

 

 

 

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