La musique de Carlinhos Brown porte toujours en elle une bonne dose de funk. Quand on le voit ici dans son studio, l’Ilha dos Sapos, dans le Candéal, jouer ce titre au bout de plusieurs prises, avec la sueur qui pointe sur la peau, on sent la tension qui monte. On retrouve toujours intact son plaisir de jouer, l’instant est intense. Il chante en jouant de la batterie et les musiciens sont au service d’un groove sans fioritures. Et toujours cette basse qui enfonce le clou, discrète mais profonde, juste là où il faut. Il m’expliquait dans un entretien réalisé en 1999 : « quand j’ai vu le funk pour la première fois, c’était merveilleux. C’était comme une musique de candomblé jouée sur des instruments harmoniques modernes : guitare, basse, claviers« .
Ces images sont extraites de la nouvelle série de Vincent Moon, Les Petites Planètes. Après avoir lancé il y a quelques années les fameux Concerts à emporter pour La Blogothèque, il a fait ses valises pour aller saisir quelques instants de musique un peu partout dans le Monde, au point d’avoir été surnommé « hobo 2.0 » par Benoît Hické. Les escales brésiliennes ont été nombreuses. La première a été tournée avec Tom Zé qui, égal à lui-même, s’est lancé dans un a-capella improvisé de vingt minutes sur le toît d’un immeuble de São Paulo, sous un ciel gris nuageux qui, dixit le Zé, rappelle « les Iles britanniques ». Nous essaierons de relayer les prochains épisodes brésiliens des Petites Planètes. Le programme est alléchant : Wilson das Neves, Thelma de Freitas, Jards Macalé, Jorge Mautner, etc…
Vincent Moon mène ce nouveau projet sans se départir de sa démarche expérimentale, toujours en mouvement. On disait à propos des Concerts à emporter que Vincent Moon filmait au plus près. C’est cette même approche que l’on retrouve ici avec Brown. Sa caméra lui tourne autour, se resserre en gros plan.
Mais laissons Vincent Moon présenter ce film : « Carlinhos Brown est une sorte de superman de la musique. Figure controversée de la scène musicale brésilienne contemporaine, il est impossible de parler uniquement de sa musique sans mentionner ses engagements sociaux – principalement dans sa favela du Candéal Pequeno, à Salvador.
J’étais en contact avec lui par le biais de quelques amis et quand je lui ai demandé une performance, la première idée était de la faire dans le quartier de Candéal. Etant un homme (très) occupé, Carlinhos Brown n’avait le temps de jouer qu’une seule chanson, dans son propre studio. Nous avons fait quelques prises, c’est la dernière que j’ai gardée, quand l’énergie atteint ses limites ».
Sur la page de ce film, on peut aussi télécharger gratuitement la version audio (mp3 320kbps) du morceau. Nombre d’entre vous, en écoutant cette piste sans nom, se diront que ce n’est même pas abouti, juste un embryon, une trame. D’ailleurs, il n’a pas de titre, c’est dire ! Juste une petite tournerie pour s’échauffer. Il n’empêche, j’aimerais que Carlinhos Brown se contente plus souvent de cette approche brute, en prise directe, jouée en live dans son studio. C’est dans ces conditions qu’il est le plus funk.
La collection Petites Planètes est réalisée sous licence Creative Commons et n’existe que grâce aux donations. Vous pouvez soutenir ce projet ici.
Pour télécharger le morceau : Carlinhos Brown, « Salvador da Bahia, Brazil, February 2011 » (en mp3 320) dans les Outtakes des Petites Planètes
Avis aux Parisiens, Vincent Moon présentera ses Petites Planètes à la Gaîté-Lyrique le 15 juin 2011 à 20h, plus d’infos ici…
Une critique du projet signé Sfa sur Toujours Un Coup d’Avance...